FAQ déclation de Jérusalem sur l’antisémitisme

Qu’est-ce que la Déclaration de Jérusalem sur l’antisémitisme (DJA) ?

La DJA est une ressource visant à renforcer la lutte contre l’antisémitisme ; elle comprend:

Qui sont les auteurs de la DJA ?

La DJA a été rédigée par des universitaires, chercheuses et chercheurs spécialistes des études sur l’antisémitisme ainsi que d’autres champs connexes, qui, à partir de juin 2020, se sont réunis dans le cadre d’une série d’ateliers en ligne, avec la participation de différents intervenants à différents moments.

Elle a été approuvée par un large spectre de chercheuses et de chercheurs de premier plan, ainsi que de dirigeantes et de dirigeants de divers instituts de recherche en Europe, aux États-Unis, au Canada et en Israël.

Pourquoi l’intitulé de la DJA contient-il le terme “Jérusalem” ?

À l’origine, les travaux sur la DJA ont été organisés à Jérusalem, sous la houlette de l’Institut Van Leer.

Pourquoi la DJA est-elle publiée maintenant (2021) ?

La DJA répond (en 2021) à la définition de travail de l’antisémitisme adoptée, en 2016, par l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA).

En effet, la définition de l’IHRA n’est ni cohérente ni exempte d’ambiguïtés, notamment dans les exemples qu’elle fournit.

Quelles que soient les intentions de ceux qui souhaitent la mettre en avant, elle brouille la différence entre un discours antisémite et une critique légitime d’Israël et du sionisme.

Non seulement une telle démarche est source de confusion, mais elle délégitime également la voix des Palestiniennes et des Palestiniens et celles d’autres personnes, notamment juives, ayant des opinions extrêmement critiques à l’égard d’Israël et du sionisme.

Rien de tout cela ne permet de lutter contre l’antisémitisme .

La DJA se veut une réponse à une telle situation.

La DJA vise-t-elle à incarner une solution de remplacement à la définition de travail de l’IHRA ?

Certainement, c’est exactement de cela dont il s’agit.

Toutes les personnes de bonne volonté sont à la recherche d’orientations et d’éclairages permettant de déterminer si un discours politique à propos d’Israël ou du sionisme franchit les limites et verse du côté de l’antisémitisme ou s’il doit être légitimement protégé.

La DJA a comme objectif de fournir de telles orientations et de tels éclairages et doit donc être perçue comme une solution de remplacement à la définition de l’IHRA.

Toutefois, si une organisation a d’ores et déjà adopté officiellement la définition de l’IHRA, elle peut s’appuyer sur la DJA pour en corriger les lacunes .

Quelle est la portée de la DJA ?

Cette définition s’applique quel que soit l’angle que l’on adopte pour définir l’identité juive, que cette dernière soit comprise comme étant ethnique, biologique, religieuse, culturelle, etc.

Les situations dans lesquelles une personne ou une institution non juive sont considérées, à tort, comme étant juives (ce que l’on appelle la “discrimination par perception” ) ou sont ciblées en raison d’un lien avec d’autres personnes ou d’autres institutions juives (ce que l’on appelle la “discrimination par association” ) relèvent également de la DJA.

La DJA devrait-elle être officiellement adoptée, notamment par des gouvernements, par des partis politiques ou par des universités ?

Il est possible d’avoir recours à la DJA, comme à une ressource pertinente, à diverses fins.

Il peut notamment s’agir:

  • d’éduquer et de former à ce qu’est l’antisémitisme ;

  • de mieux faire connaître les critères permettant de différencier un discours ou une conduite antisémites d’un discours ou d’une conduite qui ne le sont pas ;

  • ou d’élaborer des politiques de lutte contre l’antisémitisme.

Elle peut être utilisée à l’appui de la mise en œuvre d’une législation anti-discrimination, dans le cadre des paramètres fixés par le droit et des normes protégeant la liberté d’expression.

La DJA pourrait-elle s’intégrer à un code plus général sur les “discours haineux” ?

Non, tel n’est pas son objectif.

La DJA n’a pas été conçue pour constituer un instrument juridique ou quasi juridique, de quelque nature que ce soit.

Elle ne doit pas non plus être codifiée dans la loi ni utilisée pour restreindre l’exercice légitime de la liberté universitaire (que ce soit dans l’enseignement ou dans la recherche) ou pour annihiler la possibilité d’un débat public, libre et ouvert, sous réserve qu’il se situe dans les limites du droit régissant les crimes haineux.

La DJA mettra-t-elle fin à toutes les controverses actuelles sur ce qui est ou ce qui n’est pas antisémite ?

La DJA est l’expression non ambiguë d’un groupe d’expertes et d’experts du milieu universitaire et du monde de la recherche, spécialistes de l’antisémitisme et d’un certain nombre de sujets connexes, faisant autorité dans leur domaine.

Elle n’est toutefois certainement pas en mesure, à elle seule, de mettre un terme à toutes les polémiques ayant cours sur ce sujet.

En matière d’antisémitisme, aucun document ne saurait être totalement exhaustif ni anticiper toutes les formes que pourrait prendre ce fléau à l’avenir.

Un certain nombre de lignes directrices, par exemple la no 5 , ne donnent que quelques exemples pour illustrer un point d’ordre général.

La DJA se veut une aide à la réflexion et entend favoriser des échanges éclairés.

Dans un tel cadre, il s’agit d’une précieuse ressource pour mener des consultations avec différentes parties prenantes, en vue de déterminer les meilleurs moyens de mettre en évidence l’antisémitisme et d’y réagir le plus efficacement possible .

Pourquoi 10 des 15 lignes directrices de la DJA concernent-elles Israël et la Palestine ?

Il s’agit, en fait, de répliquer à la mise en avant, par la définition de l’IHRA, de cette problématique, 7 des 11 exemples que donne cette dernière ayant trait à Israël.

La DJA s’inscrit, en outre, comme un élément de réponse pertinent à la question, faisant l’objet d’un débat public aussi bien dans la sphère juive que non juive, consistant à déterminer ce qui est, ou ce qui n’est pas, antisémite, dans les différents discours politiques à propos d’Israël ou du sionisme.

De telles discussions démontrent clairement la nécessité de conseils et d’orientation, en vue de trancher dans un sens ou dans un autre et de distinguer, sans ambigüité, entre ce qui est condamnable et ce qui doit être protégé en vertu de la liberté d’expression .

Qu’en est-il de l’application de la DJA à des contextes autres qu’Israël et la Palestine ?

Les lignes directrices générales (nos 1 à 5) s’appliquent dans tous les contextes, notamment aux mouvements et à l’idéologie d’extrême droite, porteurs d’un discours dans le cadre duquel l’antisémitisme prend une place de plus en plus importante.

Elles s’appliquent, par exemple:

  • à un certain nombre de théories du complot, fantasmant “la main des juifs” derrière la pandémie de COVID-19

  • ou faisant l’hypothèse que George Soros finance les manifestations de protestation des mouvements Black Lives Matter et Antifa, avec comme volonté de faire avancer un certain nombre “d’objectifs juifs cachés”.

La DJA fait-elle une distinction entre l’antisionisme et l’antisémitisme ?

Tout à fait, ces deux concepts sont radicalement différents .

Le nationalisme, notamment juif, peut prendre de nombreuses formes, mais il s’agit d’un sujet dont on peut toujours débattre .

Le sectarisme et la discrimination, que ce soit contre les juifs ou contre quelque autre groupe que ce soit, ne sont jamais acceptables.

Il s’agit là d’un postulat de base de la DJA.

Dans ce cas, la DJA suggère-t-elle que l’antisionisme n’est jamais antisémite ?

Non.

La DJA cherche à établir des critères non ambigus pour déterminer les situations dans lesquelles la critique ou l’hostilité envers Israël ou envers le sionisme tombent dans l’antisémitisme et celles pour lesquelles ce n’est pas le cas.

L’une de ses caractéristiques, à cet égard, réside dans le fait que, contrairement à la définition de l’IHRA, elle ne se contente pas d’indiquer ce qui est antisémite, mais fournit également des exemples clairs de ce qui, en tant que tel, ne l’est pas.

Quel est le programme politique sous-jacent de la DJA, en ce qui concerne Israël et la Palestine ?

Il n’y en a aucun !

C’est cette absence de programme politique qui constitue le fondement et l’esprit même de la DJA.

Les signataires ont des points de vue différents sur le sionisme et sur le conflit entre Israël et les Palestiniens, notamment en ce qui concerne les solutions privilégiées, qu’elles soient à un État ou à deux États.

Ce qu’ils et elles partagent, en revanche, c’est un double engagement :

  • lutter contre l’antisémitisme

  • et protéger la liberté d’expression sur la base de principes universels.

Mais, la ligne directrice 14 ne soutient-elle pas le mouvement BDS en tant que stratégie ou tactique dirigée contre Israël ?

Absolument pas !

Les signataires de la DJA ont des points de vue différents sur ce mouvement .

La ligne directrice 14 se contente de clarifier le fait que les mesures de boycott, de désinvestissement et de sanctions visant Israël, pour aussi controversées qu’elles soient, ne sont pas, en elles-mêmes, antisémites.

Alors, comment peut-on déterminer si une mesure de type BDS ou de tout autre type est antisémite ?

Les lignes directrices générales 1 à 5 ont précisément été rédigées pour répondre à cette question.

Dans certains cas, la manière dont elles s’appliquent est évidente, dans d’autres non.

Comme cela a toujours été le cas lorsque l’on porte un jugement sur une forme quelconque de haine ou de discrimination, le contexte joue un rôle absolument essentiel .

En outre, il convient de garder à l’esprit que chacune de ces lignes directrices doit être interprétée à la lumière des autres.

Dans certains cas, il faut, en dernier recours, se déterminer en s’appuyant sur son jugement, les 15 lignes directrices visant à aider les gens à prendre des décisions de ce type.

La ligne directrice 10 dit qu’il est antisémite de “refuser le droit des juifs de l’État d’Israël à exister et à s’épanouir, collectivement et individuellement, en tant que juifs”. Les lignes directrices 12 et 13 ne s’inscrivent-elles pas en contradiction avec cet énoncé ?

Il n’y a aucune contradiction.

Les droits mentionnés dans la ligne directrice 10 s’attachent aux habitantes et aux habitants juifs de n’importe quel État actuel ou futur, quels que soient sa constitution ou son nom.

Les lignes directrices 12 et 13 précisent qu’il n’est pas antisémite, en tant que tel, de proposer un ensemble de solutions constitutionnelles et politiques différentes de celles qui prévalent actuellement.

Quels sont, en bref, les avantages de la DJA par rapport à la définition de l’IHRA ?

Ils sont nombreux, notamment le fait que la première bénéficie de plusieurs années de réflexion et d’évaluation critique de la deuxième.

En conséquence, la DJA est, selon nous, plus claire, plus cohérente et plus nuancée.

La DJA précise non seulement ce qu’est l’antisémitisme, mais aussi, dans le contexte d’Israël et de la Palestine, ce qui ne relève pas, en tant que tel, de cette forme de haine.

Il s’agit donc de conseils et d’orientations ayant une portée très large.

La DJA invoque des principes universels et, contrairement à la définition de l’IHRA, lie clairement la lutte contre l’antisémitisme à la lutte contre d’autres formes de haine et de discrimination.

Elle contribue à créer la possibilité d’un débat franc et respectueux sur des enjeux difficiles, notamment la question épineuse de l’avenir politique de tous les habitants d’Israël et de la Palestine.

Pour toutes ces raisons, la DJA est plus convaincante et, plutôt que de susciter la division, elle vise à unir toutes les forces dans une lutte la plus large possible contre l’antisémitisme .