Histoire de l’antisémitisme sur Arte

Introduction

De l’antijudaïsme à l’antisémitisme moderne, ce grand récit documentaire explore les multiples facettes du phénomène, de ses origines jusqu’à nos jours.

Quelle est l’origine de ce phénomène que nous appelons l’antisémitisme ?

Comment, depuis plus de deux mille ans, a-t-il accompagné la manière dont nos sociétés se conçoivent et se construisent ?

Cette série retrace l’histoire de l’hostilité manifestée à l’encontre des Juifs, depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours, des bords de la Méditerranée à ceux de la Volga, de la péninsule espagnole aux forêts de bouleaux polonaises.

Elle croise Saint-Louis et Spinoza, Staline et le pape Jean XXIII, Hitler et Alfred Dreyfus, des figures de haine ou de bienveillance.

Grâce aux traces laissées à travers le monde, aux reconstitutions historiques, notamment à l’aide des images 3D d’Ubisoft, aux expertises d’une trentaine d’historiens, sociologues, psychanalystes de premier plan, la série explore les multiples facettes et les évolutions de cette « haine des Juifs ».

cette traversée de deux millénaires d’antisémitisme impressionne par sa riche iconographie, son érudition et sa densité.

Elle accable aussi, tant l’histoire se répète.

Aux brèves accalmies (la période Al-Andalus, la Pologne des XVIe et XVIIe siècles…) succèdent des torrents de haine, le fléau voyageant à travers l’Europe.

Battant en brèche l’idée d’un rejet immémorial, la série montre par quels ressorts l’antisémitisme, instrumentalisé pour des raisons religieuses, politiques ou économiques, s’est construit et recyclé à travers le temps. Les nazis ont par exemple puisé dans l’imagerie moyenâgeuse pour stigmatiser leurs contemporains. Mais ces persécutions ont paradoxalement renforcé l’existence de la communauté juive, qui s’est structurée à force d’être ramenée à une identité fantasmée. Cette histoire des discriminations est donc aussi celle d’une émancipation et d’une résistance, des protestations du philosophe Philon au Ier siècle à l’épithète rageuse de Robert Badinter (interviewé dans la série) contre le négationniste Robert Faurisson, qualifié de “faussaire de l’histoire”, en passant par le poème du Russo-Israélien Haïm Bialik en réaction au pogrom de Kichinev de 1903. Cette œuvre littéraire, pour une fois suivie d’effet, exhortait les juifs à “se réveiller” et provoqua un exode massif vers des terres plus hospitalières.

Réalisation

Jonathan Hayoun

Producteur/-trice

Simone Harari Beaulieu

Pays

France

Année

2022

Histoire de l’antisémitisme (1/4) Aux origines, 38-1144

Les historiens situent le premier massacre en 38, à Alexandrie, qui abritait une communauté juive florissante, ce qui déchaîna la fureur des Égyptiens.

Dès le IIe siècle, l’ardeur du prosélytisme ruine l’entente entre chrétiens et juifs, les premiers accusant les seconds de déicide.

En 413, saint Augustin publie La cité de Dieu.

Ce livre influera durant près d’un millénaire sur la place dans la morale chrétienne des juifs, “peuple témoin” qu’il s’agit à la fois de protéger et d’assujettir, une idée reprise ensuite par les musulmans.

Aux XIe et XIIe siècles se déroulent les premières croisades, qui combattent les musulmans mais aussi les juifs, vus comme l’ennemi intérieur.

Le temps du rejet 1144-1791 (2/4)

Aux XIIe et XIIIe siècles, la situation des juifs en Europe se dégrade.

Les souverains durcissent les règles sous l’influence d’une chrétienté qui s’étend et leur confère une légitimité. Ils vont s’astreindre à rendre visibles des juifs que rien ne distinguait du reste de la population, à travers une iconographie délirante (nez crochus, chapeaux pointus…) et des mesures discriminatoires, tel le port de la rouelle, anneau jaune dont la couleur, symbole de traîtrise, resurgira sous l’ère nazie.

En 1290, les premières expulsions surviennent en Angleterre avant de gagner l’Europe de l’Ouest.

De l’émancipation à la Shoah 1791-1940 (3/4)

Sous l’influence des révolutionnaires français, de nombreux juifs accèdent à la citoyenneté en Europe. Mais l’essor industriel amène de nouvelles formes d’hostilité.

Le poids de la religion diminuant, l’antisémitisme s’appuie désormais sur des théories raciales.

Les juifs servent aussi de bouc émissaire à un courant socialiste populiste qui réactive le cliché moyenâgeux du “juif homme d’argent” et leur impute la misère ouvrière.

Sous l’impulsion du journaliste Theodor Herzl émerge le mouvement sioniste et la revendication d’un État refuge.

En 1903, le pogrom russe de Kichinev indigne la communauté internationale.

Le XXe siècle est aussi marqué par l’avènement du régime hitlérien, à la doctrine ouvertement antisémite.

Les nouveaux visages de l’antisémitisme 1945 à nos jours (4/4)

Après la Shoah, la communauté internationale découvre avec stupeur l’extermination de 6 millions de juifs. Pourtant, l’antisémitisme n’a pas disparu, comme en témoigne le pogrom de Kielce, en Pologne, où des rescapés des camps sont massacrés.

Après la proclamation de l’État d’Israël en 1948, les populations juives doivent, en majorité, quitter les pays arabes. En 1965, à l’issue du concile Vatican II, l’Église met fin à deux mille ans d’antijudaïsme.

Après une période d’accalmie dans les années 1960, l’antisémitisme adopte de nouveaux visages.